Préhistoire (III)

février 4, 2016

Après avoir vu le documentaire “Quand homo sapiens faisait son cinéma“, j’ai donc eu envie de lire le livre “La Préhistoire du cinéma”. Un gros bouquin de 300 pages, largement illustréde très belles photos et de quelques illustrations inégales.

Le livre est divisé en trois partie : la « Genèse » qui explore la « Préhistoire de la narration graphique et de l’animation séquentielle », la « Gestation » (« Perfectionnement de la narration graphique et de l’animation séquentielle ») et « Naissance » (« le Pré-cinéma »). La deuxième partie survole de façon très rapide et un peu arbitraire quantité de civilisations et de périodes d’où sont tirées des exemples de narration graphique. La troisième est une vulgarisation sur le pré-cinéma (jouets optiques, lanternes magiques, etc.) qui n’apprendra rien aux animateurs.

La partie intéressante et originale est donc la première partie. Après un survol général de l’art des cavernes, les mêmes thèmes que dans le film sont abordés : les représentations du mouvement, les système de narration graphique, la mise en scène de spectacles « son et lumière » et ces médaillons qui pourraient être des jouets optiques.

Rédigé dans un style qui navigue entre vulgarisation et académisme et avec une obsession pour l’analogie avec le cinéma (on n’échappe même pas à la référence à la ‘3D’, de préférence dans un contexte qui n’a rien à voir…), la forme est parfois franchement irritante. Le fond  est nettement plus intéressant. L’étude sur les représentations de mouvements superposés ou juxtaposés, l’appel à l’éthologie pour décrypter des scènes d’ensemble (lions en chasse, troupeaux de bisons en rut, chasse au rennes, etc.), la mise en lumière de composition complexes – tout cela justifie tout le reste et rend le livre absolument passionnant pour toute personne qui s’intéresse à la fois aux arts graphiques et à la préhistoire.

Ceci dit, rien ne tout ça en concerne à mon avis le cinéma et l’animation, malgré l’empressement de l’auteur. Superposées ou juxtaposées, les représentations du mouvement restent de l’image fixe (et les démonstrations avec des lumières qui bougent sont sur ce point peu convaincantes). La question de la narration graphique s’accroche avec bien du mal à des similitudes un peu tirées par les cheveux avec le montage et le cadre au cinéma. La question de la mise en scène des fresques par des jeux d’ombres et lumières et par l’acoustique nous rapproche un peu plus du cinéma, mais on ne dit rien d’autre là que « le cinéma est héritier des arts du spectacle ».

Quand aux jouets optiques, ça reste peu convaincant en terme de mouvement. En tout cas, moi, je ne les vois pas bouger : je vois plutôt deux images qui se superposent et s’embrouillent…